DANS MON QUARTIER SE TROUVE?
DANS MON ST-HENRI SE TROUVE DAVID CAMPANA
David Campana est l’une des personnalités artistiques que vous verrez bien souvent sur les réseaux sociaux défendre les artistes indépendants et amène toujours une vision plus jeune et originale à la façon de faire les choses dans la musique. Cet artiste montréalais à plusieurs cordes à son arc tels que auteur, compositeur, interprète, réalisateur et même cinéaste. David Campana est le genre d’artiste à être le leader de sa destinée, un artiste qui fonce et prend les devants. La conformité ne fait pas partie de son quotidien et c’est ce qui le rend unique dans son style musical. Cette semaine, nous avons eu le plaisir de lui poser quelques questions afin de vous le faire connaître un peu plus. Voici donc notre entrevue avec David Campana.
Parle nous de ta première rencontre avec la musique, celle qui t’a donnée envie de faire de la musique?
À 17 ans, je travaillais dans un restaurant vietnamien comme serveur, et mon collègue qui s’appelait Maxime était un grand fan de rap français. Il me proposait très souvent après la job, d’aller ‘’chiller chez lui’’ pour écouter du beat. Je déclinait souvent car j’étais fermé à l’idée de « juste chiller » et de ne rien faire. Un soir après le boulot, je venais de me faire ‘’choker’’ par ma copine de l’époque alors j’ai accepté son invitation. Ce soir là, il me fait tout écouter : IAM, NTM, Sages Poètes de la rue, Sniper, Demon One, Soprano et les Psy 4 de la rime, Scread Conex, Medine, Oxmo Puccino…
Au moment où je lui dis que je rentre me coucher, il me demande d’en écouter un dernier. Il me montre alors une prestation de Charles Aznavour et Kery James qui interprète sa chanson : À l’ombre du show business lors d’une émission animée par Michel Drucker.
Rien au monde ne pourrait expliquer la magie que j’ai vécue à ce moment là. La découverte de cette œuvre, ses paroles fut une révélation pour moi. J’ai trouvé le lien entre tout ce que je voulais faire dans ma vie : musique, acting, cinéma, communication/marketing, écriture et surtout grandir à l’ombre du show business. Prouver aux industries que tu peux y arriver sans elles. Prouver au monde qu’on (As human being) can uplift ourself with art. J’ai été frappé par la force de frappe de ces paroles. Avec la musique on peut parler des vraies choses, on peut exprimer les vérités simplement et de manière touchante. Je savais que c’était ce que je devais faire de ma vie. Je savais que c’était mon chemin. Je l’ai choisi et j’assume tout ce qui vient avec : la nécessité de bâtir une confiance infaillible, la naïveté de croire que c’est possible, le travail acharné, l’acceptation d’être toujours jugé et critiqué pour devenir meilleur, les boites de thon à répétition, dormir dans un 1 et demi avec un friend et enregistrer dans un placard.
Quelle est ta vision actuelle de l’industrie de la musique québécoise?
Je ne connais pas vraiment l’industrie de la musique québécoise. Je parlerais plutôt de son rapport avec le rap que je connais mieux. La place du rap québécois dans l’industrie est à ses débuts. Elle n’est pas représentée à sa juste valeur et ce depuis assez longtemps. Je veux dire le rap n’a pas commencé par LLA/DEADOBIES, malgré qu’ils soient très forts et que grâce à eux, nous pouvons espérer en vivre. Ils répondent bien à un modèle et sont très vendables au Québec (large).
Je trouve, malgré tout, qu’il devrait y avoir un plus grand respect envers l’histoire et les racines du rap québécois. Un retour aux sources. Des gars comme SP, devrait être invité à la télé, aux évents comme L’ADISQ. Des gars comme Dramatik devrait faire partie du show business québécois. Il devrait y avoir plus d’anciens issus du rap dans le monde du show business québécois. Clairement ces présences développeraient le rap et ouvriraient le champ à une plus grande diversité de rappeurs. C’est faux de penser qu’il n’y a de la place que pour les rappeurs signés par 7e ciel, Joyride et Cultnation.
Mais tout vient avec le temps. Je pense que si tu veux faire du rap, ou n’importe quoi dans la vie, tu ne dois pas te comparer à ton entourage mais aux meilleurs tout simplement. Ils doivent faire la même chose. La radio est un milieu aussi difficile que la musique et à la radio, ils ne peuvent se permettre de prendre des risques. Ils doivent s’assurer de passer la musique qui plaît au plus grand public. C’est au public de supporter leurs artistes et de demander qu’on leur fasse écouter plus de rap à la radio. Les gens doivent exprimer ce désir si vraiment c’est ce qu’ils veulent. Si ça ne se fait pas alors c’est que ce n’est tout simplement pas encore rentable ou tout simplement qu’ils n’écoutent plus la radio et que l’Industrie québécoise à proprement parlé à manqué le coche et que ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle s’effondre au profit d’une nouvelle génération qui saura répondre à un modèle d’affaire qui aura une ouverture sur le ‘’Genra ».
D’après toi, qu’est-ce que ça prend pour être considéré comme un bon artiste en 2018?
De la volonté car il ne faut jamais abandonner malgré les obstacles. Une bonne équipe qui croit en toi et qui peut t’aider dans tout ce qui entoure ta carrière. Un amour incontestable pour ce que tu fais. Tu dois être ton artiste préféré.
Que souhaites-tu transmettre et que vises-tu avec ta musique?
Je veux donner aux jeunes l’envie de se lever le matin. Beaucoup de parents en 2018, n’ont plus ce rôle. Les artistes ou personnalités publiques préférés de ces jeunes sont leurs réelles influences de nos jours. Nous avons, en tant qu’artiste la responsabilité d’utiliser nos mots pour les motiver. Les messages de vaincre et les paroles qui ne mentent pas sont mes armes. Je parle de lutte personnelle, d’amour, de passion charnelle ainsi que d’estime de soi. Ce sont toutes ces choses qui peuvent traverser l’esprit de l’homme dans les moments difficiles. Je veux qu’en écoutant ma musique les gens soient ‘’Never Satisfyd’’ et qu’ils décident d’avancer dans leur vie malgré la peur et les doutes. Le seul endroit où nos rêves semblent impossibles c’est dans notre tête. Je pars de loin, je n’avais pas de skills dans le rap. Je n’avais aucune connaissance de comment on écrivait une chanson. Je n’avais jamais fait de vidéo avant l’âge de 20 ans. Je veux dire, je n’avais qu’une seule chose en tête et c’était l’amour pour la création, la connaissance et la force de vaincre. ‘’ Le savoir commence par l’amour’’ Léonardo Da Vinci. Je veux transmettre ce savoir à travers les étapes de ma réussite, donner des exemples de mes expériences et de mes luttes pour montrer que tout est possible. Croire ce qu’on ressent, être franc avec nous même, être fort dans les difficultés, savoir aimer, ne pas croire ce qu’on dit mais ce qu’on ressent, ce qu’on »feel’’. «Les gens oublieront ce que vous avez fait ou ce que vous avez dit, mais ils n’oublieront jamais ce que vous leur avez fait ressentir». – Leonardo Davinci. Je veux être un réveil matin constant. Réveiller l’homme endormi et en faire un surhomme.
Où prends-tu tes inspirations lorsque tu composes une chanson?
De ma vie. Je vis tout ce que j’écris. Je n’invente rien, je transforme mon monde en création. Mes rencontres, les discussions, les mots, les agissements des gens, les histoires, les expériences de mes proches, ma famille, mon passé, le présent qui m’entoure et tout ce qui porte à la réflexion m’inspire.
Nomme-moi trois artistes avec qui tu aimerais collaborer dans le futur et pourquoi?
PNL – Ils ont prouvé qu’on pouvait réussir à vivre de la musique; de son art sans être obligé de vendre son âme et ses convictions. Ils transmettent des messages vrais sans artifice. Ils expriment une réalité que la France veut cacher. Ils m’inspirent un côté révolutionnaire.
LOUD – C’est un rappeur intègre et porte un vrai message de motivation dans ses textes. Cela étant dit, je respecte également la rage qu’on certain rappeur suite à leur expérience personnelle mais c’est plus au niveau du message qu’il me perde car je le trouve biaisé. Loud rehausse l’estime de l’identité québécoise. Nous ne sommes pas nés que pour un petit pain.
FLATBUSH ZOMBIES – Leur vision du monde spirituel m’inspire. J’aimerais vivre un processus créatif avec eux. Discuter, parler de la vie, parler des vérités sur notre monde et bien sur créer une oeuvre transcendante.
Quels sont tes défis quotidiens en tant qu’artiste indépendant?
Il y a 3 choses qui sont inter-reliées. L’argent, la visibilité et bien sur la crédibilité.
L’argent est nécessaire pour toute production artistique. Chaque production nécessite un investissement monétaire qui excède souvent ce que l’artiste fait ou gagne avec son art. Dans le domaine de la création, la pauvreté des moyens engendre la richesse des résultats. – Phillippe Geluck
La visibilité, liée au budget alloué à la promotion mais aussi aux temps restant que tu as pour te faire des contacts, aller dans les soirées, faire du PR, te vendre pour des spectacles et le plus important trouver le moyen que ta musique puisse être entendue.
La crédibilité. Quand tu n’as pas la grosse machine derrière toi pour parler de toi, les gens ne prennent pas toujours le temps de t’écouter et de partager ce que tu fais. Aujourd’hui, dans cette vie qu’est la ‘’FASTLIFE’’ les gens n’ont plus le temps d’apprendre à aimer, à apprécier à force d’écoute, d’écouter les paroles. Il faut qu’on leur dise quoi manger, quoi faire, quoi aimer, quoi écouter.
Si on ne parle pas de toi hors de ton réseau ou si les gens quand il te montre ils doivent expliquer qui tu es et d’ou tu viens, hé bien pour eux, ça devient un ‘’taff’’, une job, il finisse par être tes promoteurs. Ils le feront un peu au début mais à la longue chacun à sa vie. Mais lorsque tu es sous un label qui te permet de passer dans les journaux ou médias populaires les gens n’ont plus qu’à profiter et non participer à ton ascension vers le succès. Les gens, en soirée, doivent pouvoir gagner en popularité (profité de ton succès) s’il mette ta musique, ils doivent en ressortir fier, mais quand tu es méconnu ils ne gagnent rien à part le regard intrigué de leurs amis sur le faible nombre de views (participer à ton succès).
Tu es également dans le domaine de la production télévisuelle, qu’aimes-tu dans ce travail, qu’est-ce que ça t’apporte en plus?
Je vais t’avouer que j’aime être derrière les manettes et ce n’est pas pour rien que j’ai créé SEFT Art. J’ai toujours su que le monde du média c’était d’avoir un certain contrôle sur l’information, connaître le ‘’behind the scene’’. La production télé en soit ne me passionne pas mais j’aime connaître le pourquoi des choses et être derrière l’écran m’a permis de comprendre comment fonctionne le ‘’SHOW-BUSINESS’’. J’aime aussi savoir comment fonctionne l’industrie média pour l’appliquer au niveau de ma carrière. Être indépendant nécessite de connaitre beaucoup sur le milieu pour jouer le jeu à arme égale. Le cinéma est ce qui m’intéresse vraiment.
Quels sont tes projets pour l’été?
J’ai deux grands projets durant l’été.
En juillet, j’aurais une exposition avec ma team SEFT Art. Nous exposeront dans une des voitures de métro MR-63, à la station F-MR. J’y présenterais en autres mes œuvres musicales et visuelles.
Je vais également lancer ma toute nouvelle mixtape ‘’7 Life » en collaboration avec l’artiste Shotto. Nous ferons notre lancement sur la scène Loto Québec de la station F-MR à la mi-août.
Également, plus tôt, à la fin du mois de juin, je vais lancer mon clip VYB qui sera mon premier projet solo depuis ma mixtape MYNB.
J’aurais également le plaisir de faire la première partie du lancement de l’album de l’artiste Kayiri à la fin juin.
Où te vois-tu l’année prochaine?
L’objectif reste le même.
Faire de SEFT Art une structure solide afin de faire de la musique et en vivre. Je me vois ne faire que ça et lancer enfin mon premier album sous SEFT Art, autoproduit. En un an, il peut s’en passer des choses. Être un artiste indépendant qui vit de sa musique.
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Entrevue réalisée par Andrée-Anne Bohémier pour My Urban Map – Ma Carte Urbaine – Votre répertoire urbain
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